Steven se tenant la tête de la main gauche, avec le logo de linkedIn en fond

Ma relation toxique avec LinkedIn

Je passe des heures, d’innombrables heures chaque semaine, depuis plusieurs années, sur LinkedIn.

Pour être honnête, ça a affecté mon mental d’une manière que j’espère ne pas être irréversible.

MON HISTORIQUE SUR LINKEDIN

Lorsque j’ai commencé à utiliser la plateforme en 2017, je sortais de mon Master Informatique et je savais que je n’allais pas suivre un chemin de carrière traditionnel. 

J’ai alors décidé de me mettre à reproduire les codes d’Internet, sur ce réseau social où la tranche d’âge majoritaire est contre toute attente celle 25-34 ans (60%).

Publications, vidéos, lives, carousels…en 7 ans, j’ai tout fait sur ce profil.

L’objectif était (et reste simple) : me provoquer le plus d’opportunités de carrières possibles

C’est comme ça qu’on m’a repéré pour devenir Consultant Marketing dans une société tech et que par la suite je suis devenu consultant à mon compte et enseignant dans l’enseignement supérieur.

J’ai cherché le reach, j’ai trollé, puis un jour, j’ai eu un moment de lucidité et décidé de viser la crédibilité, ce qui est vachement plus complexe sur un réseau qui te pousse à dire aux gens que ce sont des cons. 

Remarque qui me pousse a aborder ce second point.

Internet et trolling

SUIS-JE DEVENU AIGRI ?

C’est la question que je me pose chaque jour, lorsque je scroll inlassablement LinkedIn, par ennui, par pression de trouver des clients, par peur du FOMO (Fear Of Missing Out, la peur de rater quelque chose), par addiction, principalement, l’émotion que je ressens principalement est la frustration et l’indignation.

Je vois des gens qui font la promotion de la belle vie de Freelance à la plage, d’autres qui exploitent un nombre de biais cognitifs innombrables pour vendre leurs formations en ligne, des scammers qui profitent de personnes au chômage, en reconversion, qui veulent sortir de leur situation précaire.

Tout ça m’énerve, ça influe sur mon mental, sur ma vie personnelle, sur mon rapport aux autres et mon rapport au monde.

Steven se tenant la tête avec les mains, avec le logo maléfique de LinkedIn dans le fond

Mon métier, c’est de permettre aux freelances tech et aux TPE/PME travaillant avec des techs de réaliser leurs objectifs (vente, promotion services, recrutements…), ce qui fait que ma cible se trouve essentiellement sur LinkedIn et donc que j’ai besoin de cette plateforme pour faire évoluer ma carrière et mon business et ça, ça fait chier. 

Alors ce n’est pas le seul levier dont je dispose, j’ai aussi une chaîne Youtube et mon site, en plus d’une mailing, mais 99% de mes clients viennent de là, ce qui n’aide pas au détachement.

Est-ce tout ce que le monde à nous offrir ? Où se trouve vraiment la pertinence ? Que puis-je faire à mon échelle ? Est-ce que je ne suis pas devenu ce que je voulais combattre ?

Vive la relation toxique…

MON SYNDROME DU SAUVEUR

Parfois, lorsque je vois les gens faire fausse route, développer des business qui vont être bouchés à coup sûr, que je vois bien la douille arriver à des kilomètres, j’essaie de prévenir les gens, de prendre du temps pour argumenter, pour expliquer, pour transmettre de mon expérience.

Et là, normalement, vous vous dites : “Mais il se prend pour qui celui-là ?” et ouais, vous avez sans doute raison.

Ce n’est pas parce que mes clients sont satisfaits de mes conseils que j’ai la sacro sainte vérité. 

Sensibiliser aux bonnes pratiques, essayer d’avoir un impact positif sans tomber dans la moralisation, c’est un jeu d’équilibriste

Je ne peux pas (et je ne dois pas) sauver tout le monde.

MA QUÊTE D'HUMILITÉ ET DE DÉSINTOXICATION

Pour éviter de tomber dans un biais du survivant et dans le “moi je sais tout”, je me documente, beaucoup. 

Je consomme beaucoup de contenu Youtube, de sources variées. Je regarde des documentaires, pioche des infos dans différents livres…

En bref, j’essaie de ne pas devenir ce que je combats et parfois, la frontière est floue.

Et je partage ce savoir gratuitement, pour essayer de combattre le bullshit à ma manière, d’aider les gens et évidemment, d’attirer des clients plus naturellement.

Ce qui me fait parfois tomber dans le syndrome de l’imposteur : est-ce que je suis comme les autres ? Est-ce que j’ai besoin d’être si différent ? Est-ce que je suis aussi pertinent que je pense l’être ? C’est un sac de noeud complexe à défaire et c’est pourquoi j’essaie au mieux de me désintoxiquer de LinkedIn.

Je programme mes publications à l’avance, je limite mon temps passé, je l’ai enlevé de mon téléphone, j’ai mis des limiteurs sur mes différents appareils, je ne rentre presque plus dans le débat en commentaire et/ou MP…ridicule ? 

Extrême ? Exagéré ? Pourtant, c’est ce dont j’ai besoin.

Je ne pense pas être le seul avec cette problématique. D’un point de vue purement marketing, ce qui engage le plus, c’est le pathos, l’appel à l’émotion. Regardez X, le coeur de son business (outre le contenu pornographique), c’est l’émotion négative…comme LinkedIn.

Il y a à la fois du contenu très négatif, des gens qui s’indignent, des générations qui s’entrechoquent à coup de Ok Boomer et Ok Zoomer et de l’autre côté du bienveillance washing qui là aussi provoque l’indignation ou fédère les gens du même cercle : réseau social oblige, les plateformes veulent votre attention et la rétention.

Image générée par IA d'une femme cartoon avec des flammes dans les mains
This girl is on Fire

LA VRAIE VIE, C'EST DEHORS, PAS SUR LINKEDIN

J’ai beau le savoir, il faut que je me le rappelle sans cesse : la vraie vie, c’est dehors. Ces pseudos influenceurs (dont j’espère ne pas faire partie) n’existent pas vraiment dans la vraie vie (ou alors, j’arrive bien à les esquiver).

Je crois que c’est aussi pour ça que j’évite les événement de networking, ça me met mal à l’aise, tout semble faux, trop lisse…un peu comme si j’étais dans une dystopie. 

En fait, les seuls événements où je me sens bien à la limite ce sont les événements tech, les gens sont normaux là bas.

Tout le monde s’en fout de savoir que tu as percé sur LinkedIn, on va tout au plus se foutre de ta gueule (à juste titre). Il faut voir la plateforme comme elle est : un outil pour ses objectifs.

Mais comment avoir des témoignages de gens, échanger naturellement, sans tomber dans le “networking” à outrance et la vibe cringe de LinkedIn ? 

7 ans après mes débuts sur la plateforme, je me le demande encore.

Trouverais-je ma place professionnellement ou est-ce que je finirai bientôt au placard et devrai retourner faire des Big Mac ? Une autre angoisse pour un autre jour.

Je veux bien votre ressenti, histoire de sortir de ma grotte un peu.

Steven Klinger

Steven Klinger

Consultant Marketing & Business Tech
France